Carnet de route

Séjour Randonnées Raquettes au Pays de la MEIJE février 2025

Le 09/03/2025 par Daniel GOUALOU

Séjour Randonnées Raquettes au Pays de la MEIJE

du 10 au 15 Février 2025 – Club Alpin de Lorient

 

Le col du Lautaret, franchi par la Grande Route des ALPES, est une étape « périlleuse » parfois ; en effet, les arrivées soudaines du mauvais temps et ses cumuls de neige impressionnants donnent des « sueurs froides » aux automobilistes et cantonniers, par là même.

Le village de Villar d’Arène devient alors le dernier refuge des conducteurs naufragés... C’est pourquoi nous avons choisi cette localité montagnarde pour installer notre Camp de Base... Et spécialement chez Jean- Phi, maitre-restaurateur et gérant de l’hôtel des Agneaux. Merci à Cathy, notre accompagnatrice de la semaine, pour cette adresse à la cuisine et au décor «  authentiquement montagnard » !

Nous avions pris l’habitude, les années passées, de retrouver notre « monitrice » sur ses skis... Elle les a troqué contre des raquettes, à notre demande... Sachant que «  les Mous du Genou » souhaitent garder leurs genoux en bon état le plus longtemps possible, sans terminer leurs randos les quatre fers en l’air !

Du coup, elle nous a concocté un programme moins acrobatique, mais aussi divertissant.

 

Lundi 10... RDV au Pont de l’Alpe. Un échauffement dans la mélezaie nous fait apercevoir les premiers bouquetins venus chercher l’herbe plus grasse en bas des alpages. Ce départ classique dans ce vallon est souvent la première course du « débutant skieur de rando » et cela nous convient bien... La rude montée à l’ombre de l’Aiguille du LAUZET rappelle des souvenirs à certains «  mous » passés par la « case escalade » ! Nos raquettes vont titiller les derniers névés suspendus sous la belle et aérienne crête des Arêtes de La Bruyère. En promo, à la descente, Cathy nous initie au toboggan... afin de dérider certains « genoux » encore ankylosés !

 

Mardi 11... Super : départ de l’hôtel, raquettes aux pieds ! Une petite dépression nocturne est venu déposer son drap blanc sur notre village endormi ! Cathy nous fait arpenter les anciennes terrasses longtemps cultivées par les faranchins et leur dicton de montagnards :

9 mois d’hiver pour 3 mois d’enfer ! Ce qui en dit long sur l’âpreté de leur milieu de vie.

Mais la visibilité réduite nous fait conduire au petit Lac du PONTET seulement ; notre colonne prend des airs de fantômes réduits à l’empreinte de leurs pas, guidés par leurs bâtons pour seuls repaires... De villages en hameaux, nous descendons le cours de la ROMANCHE, torrent alpin échappé... justement... de la Montagne des AGNEAUX. Après une collation au refuge du Pied de Col, nous retrouvons Elsa, historienne du Pays des Ecrins. Suite à une rencontre à CERVIERES et sa balade « historiée » sur les Escartons il y a quelques années, nous avons le plaisir de l’entendre à nouveau nous divulguer ses connaissances sur « Villar d’Arène, pays de la Haute Romanche et du Pain bouilli » ; ses lectures sur ce territoire nous font comprendre l’importance de ce lieu-dit quant à la richesse de cette vallée – carrefour qui a vu passer tant de voyageurs et colporteurs... qui pour certains ont créé « boutique » à Lorient même ; cela ayant été vérifié par une parenté bretonne installée en Haute Romanche... Quant à la tradition du Pain Bouilli, celle-ci consistait à réaliser communautairement « une Cuite » une fois l’an, en novembre ; chaque famille amenait sa farine et à l’aide d’un sceau reconnaissable réalisait sa fournée pour l’année. Ceci permettait de faire des économies de bois qui était une énergie rare à l’époque.

 

Mercredi 12... Super encore : départ de chez Jean-Phi, raquettes aux pieds ! Mais un ciel provençal chassant les dernières nuées dégage les reliefs... Et du coup, nous prenons toute la mesure de l’ampleur de cette frontière du Dauphiné. Construit au-dessus d’un ancien verrou glaciaire, Villar d’Arène domine la gorge étroite du gros bourg de La Grave.

Cette fois-ci : petite ascension jusqu’à la chapelle Saint Antoine et sa large vue sur le vallon ensoleillé du Lautaret d’ou nous devinons les hautes parois nord des Agneaux et leur couloir Piaget ainsi que la calotte neigeuse du Pic de Neige Cordier... Cathy nous fait cheminer sur les vieux chemins muletiers ; ceux-ci nous laissent entrevoir les anciens talus de pierre patiemment construits autour des parcelles des anciennes cultures de céréales, bien à l’aise sur cet adret réchauffé par notre astre bienfaiteur. Notre trace nous conduit au petit Pic de l’Aiguillon : belvédère justement posé face aux glaciers dégoulinants de La MEIJE...

Demi-tour sur nos talons et Cathy nous montre le Pic des Trois Evêchés qui comme son nom l’indique marque l’autre frontière épiscopale entre les Savoie et le Dauphiné.

En accompagnatrice accomplie, elle nous fait connaître qu’à l’époque de la conquète des Alpes, seul le PELVOUX, sommet du Dauphiné français avait été désigné comme la montagne la plus haute de France. Que nenni, sachant que la Barre des ECRINS remportée par les alpinistes anglais était plus haute encore.

 

Jeudi 13... Cette-fois, quelques virages nous mènent au village du Chazelet, pour une virée de trois jours... La trace de Cathy nous fait traverser quelques pistes de cette petite station ; nous découvrons le premier des vallons du plateau d’EMPARIS ; le torrent de Martignare qui dévale des Aiguilles d’Arves est « un spot » pour les photographes animaliers... au flan de ces ravines, des hardes d’ongulés (bouquetins, chamois...) viennent brouter, sans trop de dérangement. Mais un œil averti en vaut deux ou alors une bonne paire de jumelles sera le bon outil pour dénombrer ce cheptel.

Un vent frisquet nous accompagne le long du torrent du GA ; nous dépassons les jolis villages d’alpage de Rivet de Pied, Rivet de Milieu et Rivet de Cime... disséminés comme les cailloux du petit Poucet. Un dernier pont de neige qui supporte notre poids nous conduit enfin à notre refuge : celui du Pic du Mas de la Grave. Le poêle - bouilleur saura sécher nos godillots et réchauffer nos os transis. Mais nous n’irons pas jusqu’à gouter au sauna nouvellement installé... Un peu étroit pour accueillir nos 10 carcasses. Et vive la Polenta !

 

Vendredi 14... La tentation était trop grande, cette nuit de pleine lune... pour ne pas aller se coller à la grande baie vitrée du refuge... Un peu comme une aurore boréale attendue ! Et visionner ce bain lunaire ceinturant la MEIJE, comme échouée, « sentinelle hautaine » en horizon telle une ile surgissant au bout de ces vagues blanches opalescentes...

Mais ce matin Cécile, la gardienne, a commandé un soleil généreux comme son café ; notre découverte des vallons d’Emparis peut continuer... Nous n’imaginions pas le nombre de bergeries d’alpage rencontrées en ces lieux ; ce qui en dit long de l’importance de cette économie d’estive et comprenons maintenant les dire d’Elsa nous confirmant que chaque faranchin possédait trois logis parfois, avec une utilité de saison. Du vallon de la Petite Buffe au vallon de la Grande Buffe, notre trace emmenée par Cathy va se perdre dans leur moutonnement... Et pour prendre un peu de hauteur, nous nous hissons sur la croupe du Gros Tet ; de nouvelles montagnes émergent de cet océan immaculé : la couronne des Aiguilles d’Arves, le rempart noir du Râteau, la crinière des Grandes Rousses...

Et vive le Tajine ! Partagé avec les nombreux skieurs du week-end... Arrivés ce soir au refuge...

 

Samedi 15... Voilà les raquettous bretons vont devoir descendre de leur petit nuage. Avec en souvenir et aussi peut-être en projet de revenir en ces lieux pour gouter aux odeurs estivales... Et sans avoir à prendre les Arva, pelle et sonde ! Le sac plus léger ! Ouf !

En effet au Bulletin Rique d’Avalanche vu hier soir, nous étions revenus en risque 3 marqué sur toutes orientations et avions pu observer des départs de plaques naturelles. Nous pensons bien sûr aux skieurs, mais aussi aux chamois et autres quadrupèdes de ces montagnes anodines semble-t-il, mais qui perdent chaque année un tiers de leurs compagnons dans ces accidents ou ils sont les plus exposés.

Même s’il faut parfois retraverser le courant vif du GA sur une poutrelle glissante, nos cœurs vaillants ont pris de l’assurance ; les ruelles verglacées du petit village du Chazelet sont parfois plus traites que la trace de Cathy qui nous y entraine ; nous y découvrons des particularités d’habitat comme ces Escreins : petits greniers extérieurs aux maisons ou les faranchins y gardaient leurs trésors familiaux et semences à l’abri des rongeurs et des incendies ou ces cadrans solaires peints par les maitres italiens.

Dernier pot chez Jean-Phi pour reprendre bagage... Une adresse à retenir pour les naufragés de la Route des Grandes Alpes ! ! !

 

Signés «  Les Mous du Genou » : Sylvie, Anne Marie, Guy, Nicole, Philippe, Cathy, Marie Paule, Sylvaine, Armelle et Daniel

 

Villar d’Arène, le 15 février 2025

 







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